Cet article donne un point de vue et ne constitue en rien une vérité absolue
Le Bitcoin a connu un essor important depuis le début de la crise sanitaire pour plusieurs raisons. Pour des raisons économiques avec notamment la hausse importante de l’inflation mais également, pour des raisons relatives à la société, d’un point de vue structurelle, fonctionnelle et/ou organisationnelle selon les motivations qui conduisent à l’investissement et/ou qui amènent des acteurs et des particuliers à s’intéresser à la technologie (il y aurait beaucoup à dire sur ce point).
De nombreuses personnes ou institutions détiennent du Bitcoin, participent au processus de validation et de sécurisation des transactions en faisant ce que l’on appelle du mining*. On en également des projets d’intégrations qui contribuent à son rayonnement (Visa, Mastercard, Paypal…). L’exemple le plus parlant est celui du Salvador qui a adopté le Bitcoin comme monnaie nationale puis qui a lancé le projet “Bitcoin City” : une ville entièrement dédiée à l’utilisation et aux échanges économiques avec du Bitcoin grâce à un wallet dédié (en savoir plus).
On entend souvent parler du Bitcoin, car ça a été la première Blockchain décentralisée, créée en 2009 (en savoir plus) et parce que l’écosystème crypto grandi à vitesse grand V.
Le mystère qui entoure son créateur et l’histoire même du développement de Bitcoin contribuent à sa notoriété (en savoir plus). Par ailleurs, un véritable écosystème existe autour de cette technologie qui révolutionne le transfert de valeur et transforme la notion de propriété et ce, en donnant la possibilité de créer de la rareté sur internet de manière décentralisé, ce qui n’était pas possible auparavant.
Son existence et le fait qu’il y ait de plus en plus d’adeptes, “une dizaine de millions”, soulèvent des questionnements lorsqu’on s’intéresse à la technologie et lorsque des initiatives ou des nouveaux projets / développement émergent.
L’objet du débat
Lorsque le Salvador a adopté le Bitcoin comme monnaie, la scène internationale à mis en avant les risques d’une telle initiative (en savoir plus). Arte s’est alors saisi de la question de Bitcoin en tant que monnaie et a fait appel à trois spécialistes ayant des opinions opposées pour en débattre dans son émission, Le Bitcoin est-il une monnaie ?
Alors, que Nicolas Dufrêne, Économiste, directeur de l’Institut Rousseau et Ludovic Desmedt, professeur d’économie à l’université de Bourgogne sont d’accord pour dire que Bitcoin n’est pas une monnaie notamment en raison de sa volatilité. Alexandre Stachtchenko, Directeur Blockchain & Cryptos chez KPMG France, et cofondateur de l’ADAN, cofondateur de Blockchain Partner, considère que la volatilité n’est pas un critère pour déterminer si Bitcoin est une monnaie ou non ; d’autres monnaies traditionnelles étant beaucoup plus volatiles : un débat intéressant qui a le mérite de nous donner des éléments de réponses de manière impartiale et qui, au fur et à mesure, nous montre les enjeux importants que soulève cette question.
Tous s’accordent à dire que la baisse récente du Bitcoin de 10 000 dollars (environ) s’inscrit dans l’histoire du Bitcoin, Alexandre Strachtchenko précise que ces évènements sont conjoncturels.
Tout du long, on y retrouve des arguments qui se démarquent et s’opposent entre les intervenants à travers différentes sous-thématiques que sont : la variation du cours du Bitcoin, les détenteurs de Bitcoins, les “risques” que prennent les investisseurs non avertis, la réglementation. La question de la consommation énergétique est également abordée.
Tandis que Nicolas Dufrêne dissocie les cryptomonnaies des blockchains, Alexandre Strachtchenko souligne, tout en réfutant cette affirmation, l’importance de se fier à des éléments techniques pour trancher de la question. Enfin, les Monnaies Numériques de Banques Centrales (MNBC) sont aussi débattus. Une tension palpable apparaît. Cela traduit le caractère disruptif de la technologie, mais aussi les failles de la forme du débat…
La forme du débat
Concernant la forme du débat, de nombreuses critiques peuvent être faites. Tous les intervenants ont leur temps de parole, mais des éléments de réponses sont esquivés (par la modération) pour se centrer sur le cas Européen or, on le sait, dans un monde globalisé, il n’est plus pertinent de faire fi de ce qui se passe ailleurs.
On a une mauvaise gestion du temps : des arguments auraient eu le mérite d’être approfondis (Alexandre Stachtchenko le martèle à plusieurs reprises) et le passage avec le morceau de Gorillaz est mal venu au regard de l’importance de la question posée et du temps insuffisant (58 minutes) accordé au débat. En effet, la question ne se traite pas en une heure. D’autant plus lorsqu’il y a des opinions contraires.
Le débat méritait d’être plus argumenté afin que tous puissent apporter des exemples et des contre-exemples pour une meilleure compréhension des points de vue. Il n’en reste pas moins que l’initiative de France culture nous permet d’en prendre la mesure. À écouter !
Mention spéciale à Alexandre Stachtchenko qui a su étayer ses arguments malgré le temps imparti !
*mining = opérations effectuées par un mineur (une personne participant au réseau) pour valider les transactions et sécuriser le réseau Bitcoin via le consensus de validation et de sécurisation du réseau : Proof of Work.
Pour aller plus loin :
Le Bitcoin au Salvador : une réelle success story ?